Il y a 30 ans, les dirigeants du monde ont pris un engagement historique envers les enfants du monde entier en adoptant la Convention relative aux droits de l’enfant, qui fait office d’accord international.
Cette convention est devenue le traité relatif aux droits de l’Homme le plus largement ratifié de l’histoire et a contribué à transformer la vie des enfants dans le monde entier.
Malgré cela, certains enfants n’ont toujours pas la possibilité de profiter pleinement de leur enfance ou de jouir pleinement de leurs droits.
Le 20 Novembre 2019, l’UNESCO a célébré le trentième anniversaire de cette Convention avec Jacques Toubon, Défenseur des Droits , accompagné de sa collaboratrice Geneviève Avenard, Défenseure des Droits de l’Enfant en France, en présence d’Audrey Azoulay, Directrice Générale de L’UNESCO, d’Emmanuel Macron, Président de la République Française , d’Anne Hidalgo , maire de Paris , de personnalités politiques, de représentants d’associations, d’experts et des enfants.
La séance était animée par la journaliste Melissa Theuriau.
La priorité a été de donner la parole aux enfants, après qu’une grande consultation dont l’objectif était de faire connaître les droits des enfants , ait été menée sous l’égide du Défenseur des Droits, auprès de 2200 enfants constitués en Comité Consultatif National par la dynamique « de la convention aux actes », ainsi que des jeunes du réseau des écoles associées de l’UNESCO.
La rencontre s’articulait autour de 4 thèmes parmi les droits de l’enfant :
-Le droit à la participation
-Le droit à l’éducation
-Le droit à la protection contre toute forme de discrimination
-Le droit à la protection contre toute forme de violence
La Directrice Générale de l’UNESCO souligne qu’en dépit des progrès accomplis, beaucoup d’enfants dans le monde vivent en dessous du seuil de pauvreté, sont victimes de violences , ne vont pas à l’école (ce qui est encore plus fréquent pour les petites filles), décrochent en cours de scolarité ou ne bénéficient pas d’un enseignement de qualité susceptible de les amener à une vie décente.
Le Défenseur des droits remarque qu’en France 70% des enfants ignorent l’existence même de leurs droits et que les adultes ne sont pas mieux renseignés.
Le Président de la République est fier que la France ait ratifié la CIDE, mais reste humble face aux défis et à la tâche à accomplir notamment en ce qui concerne le handicap, la précarité et la situation des migrants mineurs non accompagnés. Comme mesures pour faire face à ces défis , il énonce trois engagements à mettre en oeuvre par le Secrétariat à la Protection de l’Enfance : l’accompagnement et l’encadrement dès le jeune âge, la lutte contre la violence faite aux enfants, la protection des enfants dans les espaces numériques.
Droit à la Participation
Le Comité Consultatif des jeunes initié par le Défenseur des droits a touché 2200 jeunes de 8 à 14 ans et fait 267 propositions, avec une importante demande de participation à la vie citoyenne.
La maire de Paris souligne qu’elle a créé des conseils municipaux de Jeunes dans les arrondissements et un Conseil parisien à partir de15 ans pour faire participer les jeunes à la vie de la cité. Elle préconise, en outre, un droit de vote à partir de 16 ans.
De son côté le réseau des « villes amies des enfants » dont la création a été lancée en 2002 par l’UNICEF, en vue de favoriser l’application de la CIDE, par la participation des enfants aux décisions qui y contribuent, compte actuellement 3000 villes réparties dans 40 pays dont 247 villes en France .
Droit à l’Education
Madame Stefania Gianini sous-directrice générale de l’UNESCO pour l’éducation relève que 272 millions d’enfants ne sont pas scolarisés dans le monde, il faudrait assurer à tous le plein accès à une éducation de qualité conformément à l’agenda 2030 qui est la feuille de route de l’UNESCO.
Les jeunes du réseau des écoles associées au Burkina ont présenté les actions de sensibilisation sur l’importance de l’éducation qu’ils mènent .
Le collectif « école pour tous » dénonce la discrimination des maires à l’égard des gens du voyage qui a entraîné l’exclusion faute de domicile fixe, de 100 000 enfants de l’école en France et présente les mesures qu’il préconise pour y rémédier.
Madame la Ministre de l’Education Nationale de la Côte d’Ivoire présente un plan mis en place pour garantir l’accès à l’éducation pour tous.
Madame la rapporteure de l’ONU sur le Droit à l’Education souligne le cas des 177 millions d’enfants déplacés et le décrochage scolaire pour cause de conflit . Elle rappelle que l’éducation est une obligation et une responsabilité des Etats , une priorité dont la programmation est nécessaire pour la rendre effective. Elle évoque le Fonds Mondial pour l’Education, créé afin d’aider les Etats du Sud des valeurs de solidarité.
Monsieur Le recteur de la Région académique d’Ile de France, souligne que tout le monde peut s’inscrire à l’école et cite une école qui accueille les enfants des forains.
Droit à la protection contre toute forme de discrimination notamment en raison du handicap ou du genre
L’auteur compositeur Grand Corps Malade témoigne de son accident de la route à 20 ans et de sa méconnaissance totale du handicap auparavant. Il pense que l’inclusion des handicapés à l’école est bénéfique pour tous et que la société devrait prendre soin des plus faibles, 6 propositions sur l’accessibilité sont présentées.
Un collège de jeunes propose, à l’intérieur du Conseil Municipal, la création d’un groupe de jeunes pour le handicap, afin de faire bouger davantage un système scolaire rigide.
Droit à la protection contre toute forme de violence
Selon les statistiques récentes de l’UNESCO, dans le monde 1 enfant sur 3 a été victime de harcèlement scolaire dans son parcours, la proportion est la même en France ; Face à cela l’enfant souvent se tait, se déprécie, a honte, ou quand il parle, n’est pas entendu par ses proches et dans son établissement ; ce phénomène se prolonge et s’amplifie sur les réseaux sociaux.
Carmen, une jeune fille, témoigne que placée en foyer, elle a été victime de viol de la part du gardien, sans que sa parole ait été entendue, puis, en famille d’accueil, de maltraitance des fermiers.
Il faut partir de l’écoute des besoins de l’enfant à l’école et dans le champ périscolaire quand on sait que 80% des maltraitances ont lieu dans le milieu familial ; les départements et les associations doivent développer des stratégies de prévention et de protection à l’égard des enfants.
Monsieur Le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre des Solidarités et de la Santé pense qu’il faut renforcer le contrôle des Institutions, sources de violence à l’égard des enfants.
Les foyers doivent être contrôlés inopinément, les éducateurs formés et rémunérés correctement ; les antécédents judiciaires des familles d’accueil doivent être systématiquement vérifiés ; les enfants doivent être auditionnés seuls lors de ces contrôles.